" C'est pour quand la fin du monde ?" Jean-Philippe, 54 ans, Tournus (Saône-et-Loire)

En 2034, deux mille ans après la mort et la résurrection du Christ, comme le pense John Denton, un bibliste américain ? En 2052, d’après une interprétation des écrits de Nostradamus ? Ou alors, cette fin du monde a-t-elle déjà eu lieu ?En effet, les lectures plus ou moins fantaisistes et fondamentalistes de la Bible - pour ne parler que d’elles - ont donné naissance à des centaines de prédictions millénaristes qui ont parsemé l’histoire des Églises au long des siècles.

À chaque jubilé important ou à chaque événement historique hors du commun, la tentation fut grande de voir les signes avant-coureurs de la fin des temps. Les visions apocalyptiques et symboliques du livre de Daniel ou de saint Jean ont encore pu ajouter à ce goût du fantastique que cache la quête de la connaissance de la fin du monde. Alors que les livres bibliques évoquent bien plus souvent une invitation à la résistance intérieure des croyants aux oppresseurs en tout genre tout au long de l’Histoire.

On ne connaît ni le jour, ni l’heure

Depuis le concile Vatican II, le discours de l’Église catholique sur la fin des temps s’est à la fois allégé et clarifié. Ainsi, la constitution Gaudium et spes peut-elle déclarer sereinement : « Nous ignorons le temps de l’achèvement de la Terre et de l’humanité, nous ne connaissons pas le mode de transformation du cosmos. Elle passe, certes, la figure de ce monde, déformée par le péché ; mais nous l’avons appris, Dieu nous prépare une nouvelle demeure et une nouvelle terre où régnera la justice et dont la béatitude comblera et dépassera tous les désirs de paix qui montent au cœur de l’homme. » On est donc loin, on l’aura compris des peurs millénaristes et des calculs ésotériques de toute sorte. Si Jésus évoque bien les tribulations que ses disciples auront à traverser, il n’oublie pas de rappeler que ce ne sera « pas encore la fin » et que s’y manifesteront des faux prophètes et des faux messies en tout genre (Matthieu 24). Plus surprenant encore, il ajoute : « Quand vous verrez tout cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, qu’il est à vos portes. Je vous le dis en vérité, cette génération ne passera point, que tout cela n’arrive. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. » (Matthieu 24, 34-35.)
Un rappel important laissé à ses disciples juste avant d’entamer lui-même la montée vers sa Passion finale. Là où le « monde ancien » s’est arrêté pour de bon, laissant place à un « monde nouveau » transfiguré par la résurrection du Christ. La voilà, finalement, notre fin du monde.