Lorsqu’on parle de Joseph, on met la plupart du temps en avant le fait qu’il est le père de Jésus. Mais on réalise en général assez peu qu’il est avant tout « l’époux de Marie » (Matthieu 1, 16) ! Chez Luc, l’ange apparaît à une vierge « fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de David » (Luc 1, 27). Joseph est d’emblée lancé dans l’aventure conjugale. Une aventure qui lui réserve bien des surprises : femme enceinte avant relations, naissance en cours de voyage dans des circonstances précaires, visites étranges de mages et de bergers, menaces de mort, émigration, retour... Sans compter les rêves et les anges qui viennent le troubler, le provoquer, l’inciter à agir ou, au contraire, à revenir sur la seule décision personnelle qu’il ait prise et qui était de répudier Marie ! Et puis l’installation à Nazareth, la fugue de l’enfant à Jérusalem, quelques années de vie de famille et puis... plus rien. Quel époux est donc Joseph ? Peut-être la réalisation de ce modèle que nous donne à contempler la Genèse : « L’homme quitte son père et sa mère et s’attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair » (Genèse 1, 24). Joseph, comme Abraham, est un homme qui part, qui quitte ses certitudes, ses habitudes, son confort peut-être, son pays. Et cela pour être fidèle à Marie et au couple qu’il forme avec elle. Ce couple est évidemment inhabituel dans la répartition des rôles. Peu conforme en tous les cas. Il n’est pas interdit de penser que c’est pour cela que Joseph a longtemps été le grand oublié des commentateurs et des théologiens. C’est à la fin du Moyen-Âge et surtout au XIXe siècle, lorsque le modèle patrimonial et patriarcal se fendille peu à peu, que la figure de Joseph travailleur, époux, artisan, père adoptif (comme tous les pères) est mise en avant. En cette époque de travail sur le « genre », la figure de Joseph est beaucoup plus intéressante qu’il n’y paraît !