Le décorum liturgique du dimanche des Rameaux peut sembler folklorique pour le non-initié. Pourtant il met en scène liturgiquement l’essentiel de la vie de foi du croyant.

Après la lecture d’un des textes de l’entrée de Jésus à Jérusalem, les rameaux sont bénis et distribués sur le chant du Hosanna directement emprunté à l’épisode de l’Évangile. La célébration commence à l’extérieur de l’église, toutes portes closes. Chacun reçoit un rameau : une branche d’arbre ou d’arbuste. Selon la latitude où l’on célèbre ce jour, on utilisera du sapin, des palmes, de l’olivier, du buis etc.

Ces branches vertes, levées par l’Église en prière sur le chant joyeux « Hosanna! », sont une réponse collective et personnelle à l’invitation du Seigneur : « Suis-moi! »

En franchissant les portes et en entrant dans l’église, l’assemblée, conduite par la croix de procession, manifeste ce désir de suivre le Seigneur jusqu’au bout.

La violence de la Passion

Le croyant est ainsi prévenu. La vie à la suite du Christ ne préserve pas de la violence, de la haine ou de la mort. L’Évangile n’est pas un conte de fées qui permettrait de s’évader des réalités concrètes. Après cette marche de tous derrière la croix, l’évangile de la Passion est lu, comme pour insister à nouveau sur l’exigence d’une vie de croyant à la suite du Christ.

A la fin de la célébration chacun retournera chez lui, et traditionnellement déposera son rameau près d’un crucifix. C’est le signe fort de la volonté du disciple de suivre toutes les exigences de l’Évangile au quotidien, dans l’intimité de sa maison et de l’ordinaire des jours. Cet élan généreux va pourtant, au long de l’année et au rythme des reculs et du péché du croyant, peu à peu s’assécher.

Au bout d’un an, cette branche sèche deviendra l’image de l’impuissance des seules forces du croyant et donc de son besoin d’être sauvé. Mais la vie du croyant n’est pas une spirale infernale dont l’issue serait le désespoir. Cette branche morte servira à fabriquer les cendres qui marqueront les fronts des disciples repentants. En étant marqué par la cendre de son rameau et en entendant « Convertis-toi et crois à l’Évangile », le disciple prend conscience que seuls la fidélité et l’amour du Seigneur pourront le relever. Il en prend le chemin pendant les 40 jours du carême qui, vécus dans la prière, le jeûne et le partage, lui permettront de soulever un nouveau rameau et de chanter Hosanna en redisant son désir d’être vraiment disciple : humblement mais fermement !