Ce que propose l'Eglise

Lorsqu'un décès survient, face au bouleversement que la mort provoque, l'Église, veut prendre soin de ses membres et accompagner les familles à chacun des moments difficiles, du décès jusqu'à l'inhumation. Le parcours qu'elle propose est donc un parcours par étapes. C'est pourquoi on parle de la pastorale des funérailles comme d'une pastorale de cheminement, à l'image du chemin des disciples d'Emmaüs (Luc 24, 13-35).

Ces différentes étapes des funérailles chrétiennes veulent permettre aux familles de se séparer de leur défunt, de prier pour lui, de le remettre entre les mains miséricordieuses du Père pour repartir affermies par l'espérance chrétienne.

Elles sont les suivantes :

1. Prières au moment de la mort et avant la célébration

  • Prières brèves avec les proches au moment de la mort
  • Prières là où repose le défunt
  • Prières à la fermeture du cercueil
  • Prières au départ de la maison.

2. La célébration des funérailles

3. Prières au cimetière ou lors de la déposition des cendres

4. Prières après les funérailles

Une quatrième étape pourrait être intégrée à ce parcours avec la tradition de « faire dire des messes » pour le défunt, tradition très ancienne. Nous gardons en mémoire la messe dite de « quarantaine » à l'intention du défunt et de sa famille quarante jours après le décès. On peut rappeler également la tradition de la « neuvaine », neuf offrandes de messes proposées dans les semaines ou les mois qui suivent les funérailles. Ces messes permettent, en rassemblant la famille du défunt, de prolonger sa prière et de la confier à la communauté paroissiale.
Celle-ci fera également mémoire des défunts de l'année lors de la messe du 2 novembre.

La présence d'équipes funérailles dans la plupart des paroisses permet d'accueillir et d'accompagner les familles en deuil. Si les contextes urbains et citadins sont bien différents, il demeure que l'accompagnement par ces laïcs ou par un ministre ordonné (prêtre ou diacre) reste un élément essentiel pour mieux vivre ces étapes difficiles.

Le contexte actuel en Occident : la mort moderne

Le contexte de la mort dans notre société actuelle est bien différent de que les générations antérieures ont connu.

La nature de la mort

Autrefois on mourait de maladies infectieuses ou non identifiées, ou simplement de vieillesse. Aujourd'hui, les premières causes de la mort sont les maladies cardiovasculaires, les cancers ou les morts traumatiques (accidents de la route, suicide) ainsi que les maladies dégénératives liées au vieillissement.

Les lieux

Ainsi, alors que la maison était couramment le lieu où la mort se vivait, aujourd'hui, il est très rare que le décès se fasse au domicile. La majorité des personnes meurent à l'hôpital ou bien dans des structures aménagées comme les maisons de retraite ou les unités de soins palliatifs. Après le décès et avant la célébration, le corps repose le plus souvent au funérarium.

On peut constater que l'on a perdu la proximité des lieux (maison, église, cimetière) qui offrait autrefois aux familles un environnement familier. L'espace de la mort a éclaté, et cette dispersion géographique (maison de retraite, hôpital, funérarium, église, crématorium ou salle polyculte, inhumation ailleurs) est accentuée par la mondialisation et l'éloignement des familles.

Les personnes

La mort est donc sortie du domaine privé pour être confiée au domaine public. Le mourant est accompagné par le personnel de la structure où il se trouve, un personnel qualifié et médical, si bien qu'il se trouve plus souvent en contact avec des inconnus qu'avec les membres de sa famille. En conséquence, la famille est rarement présente au moment même de la mort ou dans les heures qui suivent. L'éclatement des filiations influe sensiblement sur l'accompagnement des mourants.

Les rites

Tous les rites qui accompagnaient les fins de vie ont pour la plupart disparu : extrême-onction, visites au mourant, expression des dernières volontés, veillées funèbres, messes, cortège ou convoi pour accompagner le dernier adieu au cimetière. L'essentiel du rituel est concentré dans la célébration ou la cérémonie civile.

L'après

La tradition de « faire dire des messes » n'est plus très courante et est la conséquence directe de la diminution de la pratique religieuse en France.

Ce que l'on peut constater

Tous ces éléments rendent difficile la démarche par étapes des funérailles chrétiennes et concourent à condenser dans la célébration des funérailles tous les éléments autrefois déployés dans chacune de ces étapes. Ainsi, les temps d'évocation du défunt, les souvenirs et témoignages apportés par l'entourage, famille, voisins, collègues sont aujourd'hui la plupart du temps intégrés au début de la célébration.Des poèmes, des textes profanes, d'autres prières chrétiennes sont demandés par la famille au moment de la liturgie de la Parole. Enfin, le dernier adieu, qui autrefois se déroulait au cimetière, fait partie intégrante de la célébration. D'autres formes d'expression d'affection et de compassion de la communauté y prennent leur place avec, de nouveau, des témoignages, ainsi que des chants et des musiques contemporaines.

Une vigilance

La célébration des funérailles devient ainsi l'unique instant où un rite de funérailles est célébré, avec le risque certain de le vider de son sens premier qui est la célébration du mystère pascal[1]. La diminution des pratiques religieuses contemporaines et le contexte pluri-culturel et pluri-religieux de notre société y contribuent fortement. Lors de la préparation de la célébration, il est parfois difficile aux équipes de rappeler aux familles ce sens premier. C'est le Christ mort et ressuscité qui est célébré, et non le défunt.

S'interroger en équipe

Dans notre paroisse ou ensemble paroissial, les équipes funérailles mettent-elles en valeur ces différentes étapes?

Quel est l'intérêt de les proposer ?

Quels sont les freins à leur mise en œuvre ?

Quelques éléments de réflexion

Il n'est pas toujours possible d'accompagner les familles à chacune de ces étapes, soit en raison de contraintes pratiques, soit parce que la famille ne le souhaite pas. Cependant de nombreuses équipes proposent leur présence aux familles à chacune de ces étapes. Certaines préfèrent élaborer des feuillets de prières qui sont remis aux familles pour que celles-ci ne soient pas démunies aux moments les plus difficiles, par exemple lors de la fermeture du cercueil ou bien lors de l'inhumation ou de la déposition des cendres. Il est important de permettre aux familles de s'appuyer sur la foi de l'Église et l'espérance chrétienne plutôt que de laisser d'autres institutions, souvent non croyantes, assurer à ces moments-là un service non gratuit et non ajusté. La plupart des équipes, lors de la messe pour les défunts le 2 novembre prennent contact avec les familles qui ont vécu un décès et les invitent pour une célébration au cours de laquelle une démarche personnelle et personnifiée sera proposée (déposer un cierge par exemple).

La plupart du temps, les familles, lors d'un décès, se rassemblent malgré les distances géographiques. Souvent, c'est l'occasion de resserrer ou renouer des liens distendus par le temps. Rassembler les membres d'une famille avant la célébration de funérailles permet justement de « faire mémoire » du défunt et d'évoquer ensemble ce qu'ont été les grandes lignes de sa vie, ses peines et ses joies, et l'empreinte qu'il va laisser à ceux qui l'ont connu(e). Ainsi, proposer d'aider les familles à structurer et mettre en œuvre une veillée est tout à fait approprié. Les équipes funérailles peuvent avoir ce rôle-là. De même, les familles, qui sont souvent peu préparées et peu accompagnées à la difficulté de certains moments comme celui de la fermeture du cercueil, peuvent être averties et accompagnées par les équipes, pour cet adieu au visage et au corps du défunt, par une parole, ou par un support confié à un proche. Dans certains contextes comme celui des aumôneries d'hôpitaux, cet accompagnement est courant, facilité par une proximité de lieu. Ces moments sont moins difficiles lorsqu'ils sont vécus dans l'Espérance et la confiance[2] .

La plupart des freins à leur mise en œuvre proviennent des éléments de notre société évoqués précédemment. Mais la difficulté de renouvellement des équipes funérailles, la disponibilité que demande cette pastorale, et les distances géographiques entre les différents clochers des ensembles paroissiaux en est un autre, non moins considérable.

[1] « C'est le mystère pascal du Christ que l'Église célèbre, avec foi, dans les funérailles de ses enfants. Ils sont devenus par leur baptême membres du Christ mort et ressuscité. On prie pour qu'ils passent avec le Christ de la mort à la vie, qu'ils soient purifiés dans leur âme, et rejoignent au ciel tous les saints, dans l'attente de la résurrection des morts et la bienheureuse espérance de l'avènement du Christ ». RF n°1

[2] « Seigneur, nous tournons vers toi notre regard à l'heure où disparaît ce visage qui nous est cher: Accorde à N.... de te voir face à face et affermis notre espérance de la/le revoir auprès de toi, pour les siècles des siècles. Amen ». RFIII n°240