Croire Paroisses est en partenariat avec l'office national de liturgie de la Conférence des évêques catholiques du Canada. Cet article a été publié originalement dans la revue Vivre et célébrer no 203, vol. 44, Montréal, Éditions de la Conférence des évêques catholiques du Canada, automne 2010. Avec l'aimable autorisation de l'auteur spécialiste de liturgie pour reproduire son article. Nous vous invitons à découvrir l’excellente revue "Vivre et célébrer" et à vous y abonner pour découvrir des dossiers de fonds et des pistes d'animation pour vous aider à animer vos liturgies en paroisses.

Mais qu’est-ce donc au juste que le Martyrologe romain ? Son titre renvoie au sens premier du terme martyr, c’est-à-dire témoin. Ce livre contient la liste des témoins de la foi que l’Église honore des titres de saintes et de saints, de bienheureuses et de bienheureux. Quant à l’adjectif romain, il vient préciser que ce livre concerne l’Église d’Occident ; les Églises d’Orient ont leurs propres livres. Des saintes et saints d’Orient que l’Église latine honore se retrouvent dans le Martyrologe romain et réciproquement.

Martyrologe et calendrier liturgique

Le martyrologe se distingue du calendrier liturgique. En effet, le nombre de jours où la liturgie célèbre la solennité, la fête ou la mémoire des saints est assez restreint. Le calendrier liturgique duMissel romainprescrit obligatoirement de telles célébrations 105 jours seulement, ce qui veut dire que les 260 autres jours peuvent se voir attribuer une mémoire facultative, c’est le cas de 98 d’entre eux, ou encore être des jours dits de férie, des jours qui ont congé d’un office obligatoire. Le martyrologe, quant à lui, contient quelques milliers d’inscriptions, plusieurs chaque jour, y compris le 29.février ! Autre particularité, le martyrologe inscrit les noms à la date de la mort de la personne. Le calendrier peut célébrer la fête liturgique à une autre date. Ainsi, saint Jean de Brébeuf est inscrit au martyrologe à titre personnel le 16.mars ; il revient en compagnie des autres martyrs du Canada le 19.octobre, jour de leur mémoire au calendrier romain. Et la fête liturgique au Canada est célébrée le 26.septembre.

Histoire

On retrace l’origine du martyrologe dans les premiers calendriers des Églises où l’on inscrit les noms des martyrs dont on célèbre la mémoire chaque année. Tant en Orient qu’en Occident, les plus anciens calendriers du genre remontent au ive.siècle. À partir du vie siècle en Afrique du Nord, on ajoute les noms de saints évêques. Les listes que l’on dresse au cours du Moyen Âge intègrent les noms d’autres saints évêques, de vierges, de confesseurs de la foi. La forme des notices a varié. D’abord simple mention du jour de la mort, que l’on appelle le jour de sa naissance (dies natalis) dans l’assemblée des saints, du nom de la personne et du lieu où elle est décédée, on a ajouté progressivement un bref éloge de nature historique, parfois un peu enjolivé par les traditions locales.

La première édition du Martyrologe romainparaît en 1584, peu après le concile de Trente. À la suite du concile Vatican II, on a révisé l’ouvrage en assurant une vérification historique plus stricte des informations. L’édition typique nouvelle est parue en 2001 et a déjà fait l’objet d’une seconde édition dès 2004[1]. On peut souligner que ces éditions intègrent les nombreuses canonisations et béatifications faites par Jean-Paul II.

Les éloges

Leur style est généralement très sobre, donnant parfois quelques informations historiques. Voici l’exemple du 19 octobre. Ce jour-là, on compte 16 mentions dont la première est celle des martyrs canadiens[2] :

Mémoiredes saints martyrs Jean de Brébeuf, Isaac Jogues, prêtres, et leurs compagnons de la Compagnie de Jésus, au jour où saint Jean de la Lande, religieux, fut tué, en 1646, par des païens, à Ossernenon, alors en territoire canadien, là où, quelques années auparavant, saint René Goupil avait obtenu la palme du martyre. On célèbre en ce jour, dans une seule et même vénération, leurs autres confrères, les saints Gabriel Lalemant, Antoine Daniel, Charles Garnier et Noël Chabanel, qui, sur le territoire du Canada, après beaucoup de travaux menés dans la mission auprès des Hurons pour annoncer aux peuples de cette région l’Évangile du Christ, tombèrent, martyrs, à des jours divers entre.1642 et.1649.

L’éloge le plus poétique et le plus solennel est sans doute celui du 25.décembre :

Des siècles sans nombre après la création du monde, quand Dieu au commencement créa le ciel et la terre et forma l’homme à son image ; des siècles et des siècles après le déluge, quand le Très-Haut plaça son arc dans les nuées du ciel, en signe d’alliance et de paix ; le vingt-et-unième siècle depuis qu’Abraham, notre père dans la foi, quitta Our des Chaldéens ; le treizième siècle depuis la sortie d’Égypte du peuple d’Israël sous la conduite de Moïse ; environ la millième année depuis le sacre du roi David ; la cent-quatre-vingt-quatorzième Olympiade ; la sept-cent-cinquante-deuxième année de la fondation de Rome ; la quarante-deuxième année de l’empire de César Octavien Auguste ; tout l’univers étant en paix, Jésus Christ, Dieu éternel et Fils du Père éternel, voulant sanctifier le monde par son miséricordieux avènement, ayant été conçu du Saint-Esprit, et neuf mois s’étant écoulés depuis sa conception, naît à Bethléem de Judée, fait homme, de la Vierge Marie. C’est la Nativité de notre Seigneur Jésus Christ selon la chair.

Usage liturgique

Le Martyrologe romain est habituellement lu chaque jour dans les communautés monastiques, soit à l’occasion d’un office, soit à un autre moment convenable. Il est aussi permis, un jour de férie, de célébrer l’un ou l’autre des saintes et saints, bienheureuses ou bienheureux, inscrits ce jour-là au martyrologe.

[1]Martyrologium Romanum, [editio altera], Roma, Typis Vaticanis, 2004.

[2] Les traductions données ici sont celles de l’AELF, 2009. Elles ne sont pas encore publiées.